L’association Avotra Andramasina trouve son origine dans l’histoire séculaire de l’alan-dapa d’Andramasina, forêt princière de onze hectares (11 ha) qui, depuis des générations, entoure le site d’Antampon’Andramasina et domine la cascade de Tsimanatimindrana sur la rivière du Sisaony. Héritière d’une tradition commune à toutes les collines sacrées de l’Imerina, cette forêt princière constituait une ala masina rattachée à la seigneurie d’Andramasina, au même titre que les tanimbary et les tanimboly dont le seigneur ne pouvait disposer à son gré.
L’alan-dapa, berceau d’une initiative de préservation
La forêt princière était considérée comme la véritable pharmacie de la principauté et faisait l’objet de rituels d’entretien, notamment lors du taon-jomà où le seigneur, accompagné de douze hommes, prélevait des plants dans la forêt orientale afin de préserver sa diversité végétale.
Depuis la seconde moitié du XXᵉ siècle, sous l’effet conjugué du laisser-aller administratif, des pressions démographiques et naturelles, l’alan-dapa connut de graves dégradations.
Face à ce constat, Bakoly Domenichini-Ramiaramanana (feue) et Jean Pierre Domenichini (feu) prirent l’initiative de mobiliser leurs proches pour redresser la situation. Leur fils Michel Domenichini Ramiaramanana (feu) rejoint la cause ainsi que Andrianarisoa Ratsitoharana Claudin et sa femme Ramamonjisoa Anna.
Le cercle des membres fondateurs, tous des descendants princiers, s’élargissent avec l’entrée de Ramiaramanana Alain Honorée et de sa femme
Ramiaramanana Monique (feue), de Ramiaramanana Yves Maurice et de sa femme Ramiaramanana Louisette.
Par la suite, des membres bienfaiteurs et des membres d'honneurs rejoignent le collectif. Parmi eux, on cite Andriamanday Njaka, Ramiaramanana Rija et Frédéric Schaffner-Razafindrahaba qui a été approché par le Dr. Ramiaramanana Alain Honorée afin de l’associer à la cause, sachant que la famille Razafindrahaba est originaire d’Andramasina et issue de la même lignée d’andriana de cette localité.
De cette volonté collective de sauvegarder un héritage culturel, historique et écologique naquit l’association Avotra Andramasina qui fut légalement déclarée le 13 juin 2001 suivant l’ordonnance n°60-133 du 3 octobre 1960 relative aux OSC. En 2003, les membres ont déposé les dossiers pour obtenir un statut d’ONG, mais la demande n’a pas eu de suite. Actuellement, les membres de bureau sont constitués de :
Dr. RAMIARAMANANA Alain Honorée, Prédisent
Mr RANDRIANARIVELO Andriantsilavo, Secrétaire Général
Mr RATSIMBAZAFY Andrianina Tsihoarana, Trésorier.
Préserver, sensibiliser, développer : les axes d’action d’Avotra Andramasina
L’association Avotra Andramasina s’est donnée pour mission de préserver l’alan-dapa et de perpétuer la richesse des espèces endémiques et médicinales qui y trouvent refuge, tout en inscrivant son action dans une perspective de développement durable. Elle œuvre à maintenir des conditions d’utilisation pérenne des ressources naturelles, dans l’intérêt de la population locale et des générations futures, afin de contrer la paupérisation qui affecte les régions les moins avancées du district.
Parallèlement, elle s’attache à réhabiliter et à valoriser le potentiel éco-touristique d’Andramasina, en vue de créer des activités génératrices de revenus et de nouveaux emplois. Si la forêt occupe une place centrale dans ses préoccupations, c’est qu’elle incarne à la fois un patrimoine écologique et culturel à sauvegarder et une source d’opportunités pour le renouveau économique de la région.
La mission d’Avotra Andramasina est, d’ailleurs, de mener une opération de reboisement du sommet d’Ambohimanjaka afin de renforcer la capacité de retenue de la nappe phréatique qui alimente en eau la bourgade du district.
Le Groupe Materauto s’est engagé depuis 2008 à soutenir financièrement et de manière régulière les actions d’Avotra Andramasina, convaincu de l’importance d’activités responsables et durables qui allient préservation de l’alan-dapa et création d’emplois locaux sur le long terme.
Ce partenariat traduit également la volonté de contribuer à la conservation d’un patrimoine naturel et historique, indissociable de l’histoire princière d’Andramasina.
Les espèces d’arbres et arbustes multipliées dans les pépinières d’Andramasina
L’association gère aujourd’hui deux pépinières : l’une implantée sur le site d’Antampon’Andramasina et l’autre à proximité du lac sépulcral d’Ambohimanjaka. Plus de 60 espèces y sont multipliées. Ces espèces sont principalement celles déjà présentes dans l’alan-dapa depuis l’époque princière, perpétuant ainsi une continuité historique et culturelle.
Certaines jeunes plantes sont également prises dans les forêts de l'est, notamment chez les Betsimisaraka. Le Dr. Ramiaramanana Alain Honorée a l’habitude de diriger l’équipe exploratrice composée des pépiniéristes de l’association. Cette initiative constitue une perpétuation du rituel effectué par le prince pendant le taon-jomà.
Voici 4 espèces de plants multipliés dans la pépinière d’Antampon’Andramasina :
Amontana, Ficus baronii
Arbre sycomore sacré, symbole de la terre ancestrale et de la maternité (cancelées latex), présent dans les palais royaux et seigneuriaux.
Harongana, Harungana madagascariensis
Décoctions, infusions et gommes pour traiter le foie et les troubles digestifs. Utilisé comme aphrodisiaque. Le latex est utilisé comme teinture.
Volomborona, Albizia adianthifolia, Albizia fastigiata ou Albizia gummifera
Les fleurs sèches sont utilisées en tisane comme remède antitussif et anti-asthmatique. La floraison survient dès 8 à 24 mois après semis.
Nonoka, Ficus melleri, ou encore Ficus
pyrifolia
Les feuilles en décoction servent de remède contre la diarrhée et facilitent l'accouchement. Mélangées à du sel, elles sont aussi utilisées contre l'asthme.
Voici 4 espèces de plants multipliés dans la pépinière d’Ambohimanjaka :
Zahana, Phyllarthron bojeranum
Les feuilles sont utilisées contre les maux de tête sévères, la toux, l’asthénie, les IST comme la blennorragie et la syphilis, ainsi que les dysfonctionnements érectiles.
Voandelaka, Melia azedarach ou margousier
Les feuilles sont utilisées contre la fièvre, pour soulager la fatigue (décoction), comme insecticide naturel, notamment pour lutter contre insectes et champignons dans le stockage des aliments .
Famelona, Gambeya boiviniana
Les feuilles sont employées pour traiter la fièvre, soulager les douleurs musculaires, apaiser les piqûres de scorpion, favoriser la cicatrisation des plaies...
Tody, Psorospermum ferrovestinatum
La poudre de feuilles serait employée localement comme cicatrisante et antiseptique, appliquée directement sur les abcès et blessuress.
Les méthodes de germination et d’entretien des plants, et les défis du repiquage ?
6 employés, dont 5 originaires du district d’Andramasina, s’occupent de la multiplication des arbres et arbustes issus de l’alan-dapa. 2 pépiniéristes se charge de la production dans le site Antampon’Andramasina et 2 autres sur celui d’Ambohimanjaka. Mr Ndriana pose les stratégies de multiplication et supervise les activités. Mr Ramananjatovo se charge de l’entretien des plants repiqués sur le site de reboisement d’Ambohimanjaka et de l’alan-dapa.
Selon eux, la reproduction de ces arbres et arbustes se fait principalement par semis, en utilisant des graines fraîches récoltées sur des fruits mûrs, car beaucoup perdent rapidement leur pouvoir germinatif. Avant le semis, certaines espèces à graines dures, comme le voandelaka, nécessitent un trempage ou une scarification pour faciliter la germination. Les semis se réalisent de préférence en sachets remplis d’un mélange sable–terre–compost, sous ombrage léger, avec un arrosage régulier pour maintenir l’humidité. Pour les espèces à germination lente ou difficile, on peut recourir au bouturage de tiges ou au marcottage, comme pour les Amontana, afin d’assurer une meilleure reprise. Une fois les jeunes plants assez vigoureux (30–50 cm), ils sont repiqués en pleine terre, de préférence en saison des pluies pour garantir une bonne implantation.
Après le repiquage, plusieurs difficultés freinent la bonne reprise des jeunes plants. Le premier obstacle est lié à la dégradation du sol et ensuite à la disponibilité en eau. Cette dernière est souvent compromise par des conditions climatiques défavorables (sécheresse, pluies irrégulières) ou par l’éloignement de la zone de reboisement par rapport au point d’eau, ce qui rend l’arrosage régulier difficile à assurer. À cela s’ajoute le manque de main-d’œuvre dédiée aux travaux de suivi, comme l’arrosage, le désherbage ou la protection des plants, entraînant une baisse significative du taux de survie. Ces contraintes combinées mettent en évidence la nécessité d’une meilleure planification des sites de plantation et d’un renforcement des moyens humains pour garantir la réussite du reboisement.
Les statistiques de production des pépinières de l'association
|
Nombre de plants produits annuellement par pépinière |
≈ 12 000 plants / an |
|
Nombre de plants repiqués sur les sites de reboisement |
≈ 8 000 à 10 000 plants / an |
|
Taux de réussite (survie des jeunes plants) |
≈ 60 % |
Face à ces statistiques, les pépiniéristes de l’association utilisent la technique de repiquage à 1 m d’espacement, plus rapprochée que les espacements classiques de 2 à 3 m. En effet, lors du transfert des plants de la pépinière vers la parcelle de reboisement, les jeunes plants sont installés en pleine terre avec un intervalle de seulement 1 mètre entre chaque plant, en lignes régulières. Ainsi, en cas de mortalité d’un certain nombre de plants, la densité compense les pertes et garantit un peuplement suffisant.
Les objectifs de l'association pour les 5 prochaines années
Sous l’impulsion de son actuel Secrétaire Général, Randrianarivelo Andriantsilavo, l’association s’est fixée des priorités pour renforcer l’impact de ses actions :
Pérenniser les actions de reboisement en adoptant de nouvelles techniques plus efficaces et adaptées aux réalités locales.
Poursuivre les efforts de réhabilitation de la forêt d’alan-dapa afin de préserver ce patrimoine naturel et culturel.
Renforcer les compétences des collaborateurs en mettant en place des formations adaptées aux besoins du terrain.
Soutenir également le développement de la communauté locale à travers des activités d’élevage, d’agriculture et d’éducation.
Relancer et dynamiser les initiatives d’écotourisme pour valoriser le site et sensibiliser un plus large public à la protection de l’environnement.
S’ouvrir à de nouveaux partenariats afin de mutualiser les ressources et accroître l’impact de ses initiatives.
Obtenir le statut d’ONG pour consolider la légitimité et renforcer la capacité d’intervention à long terme.
Les mots du SG de Avotra Andramasina
"Prendre le rôle de secrétaire général de l'association en étant jeune et quasiment sans expérience dans le domaine semble un défi. Entre la gestion des projets et des équipes, la recherche de partenaires, de nombreuses responsabilités m'attendent. Mais ma motivation à relever ces défis vient de la conviction que nos actions auront un impact réel sur l'environnement et la biodiversité de la commune d'Andramasina.
Je crois profondément qu'à travers ces initiatives, nous pouvons accomplir de grandes choses et contribuer à la préservation de la nature, aujourd'hui menacée. Avec l'association, je crois que nous pouvons aussi apporter une amélioration significative à l'environnement de Madagascar, qui se dégrade de jour en jour.
À l'avenir, nous envisageons d'élargir nos activités et de placer la communauté au cœur de nos actions. Car au de-delà du reboisement et de la gestion de la forêt, l'homme reste au centre de toute démarche durable. Nous souhaitons ainsi soutenir la communauté locale dans sa vie quotidienne afin de l'impliquer pleinement dans notre cause.
Dans cette dynamique, nous appelons toutes les Organisations de la Société Civile ainsi que toutes autres organisations (l’État, entreprises, projets…) à unir leurs efforts aux nôtres pour renforcer et pérenniser nos actions."





Avotra Andramasina : des racines dans la tradition, un regard vers l’avenir