Sécurité routière à Madagascar : faits, analyses et bonnes pratiques

17 septembre 2025 par
Ferdinand ANDRIANINANDRIANA

Les accidents de la route ont toujours été un des problèmes majeurs de sécurité publique à Madagascar. Ils causent des pertes humaines non négligeables, fragilisent des familles entières et peuvent même ralentir le développement du pays. Devant ce constat, il devient essentiel de comprendre les enjeux de la sécurité routière et d’adopter des comportements responsables au volant. Cet article propose un regard clair sur les faits, les causes et les bonnes pratiques pour rendre nos routes plus sûres.

Les faits marquants sur les accidents routiers à Madagascar

La sécurité routière à Madagascar reste un enjeu majeur de santé publique. L’OMS a estimé à 6 512 décès en 2021 le nombre de victimes sur les routes du pays, soit un taux de 22,5 décès pour 100 000 habitants. Dans le même temps, les autorités nationales n’avaient officiellement rapporté qu’environ 300 décès pour la même année, ce qui met en lumière un écart important et un phénomène de sous-déclaration reconnu par les observateurs.

À l’échelle locale, la police nationale publie également des bilans inquiétants. Dans la capitale, la Brigade des accidents de la circulation (BAC) a enregistré pour l’année 2023 un total de 75 décès et 538 blessés à Antananarivo. La majorité de ces cas sont liés à des imprudences de conducteurs, notamment l’alcool et la vitesse.

Les routes nationales concentrent elles aussi de nombreux drames.


Sur la RN2, un accident survenu le 8 septembre 2025 à Manjakandriana a causé 3 morts et 16 blessés après la sortie de route d’un taxi-brousse dans un virage. Sur la RN7, à Ambatolampy, un autre taxi-brousse a quitté la chaussée le 31 juillet 2025, blessant 20 passagers. Les tribunaux traitent aussi les cas les plus graves. En mai 2025, un accident sur le By-Pass à Antananarivo a coûté la vie à 4 personnes. Le procès du conducteur s’est tenu en septembre, avec condamnation et réparation civile.

Ces données confirment que la mortalité routière touche aussi bien les zones urbaines que les grands axes nationaux et qua la situation est grave.


Les principales causes des accidents routiers à Madagascar


Les causes des accidents à Madagascar sont multiples, mais les facteurs humains dominent largement.

Excès de vitesse et dépassements dangereux

L’excès de vitesse est la première cause, notamment sur les routes nationales où les dépassements dangereux sont fréquents. Les taxis-brousse et camions roulent à vive allure sur des chaussées souvent étroites et dégradées. Les collisions frontales ou les chutes dans les ravins surviennent dans ces conditions, comme en témoignent les récents drames sur la RN2 et la RN7.

Alcool au volant et conduite sous influence

L’alcool au volant figure également parmi les causes récurrentes. Les rapports de la police nationale indiquent que de nombreux accidents à Antananarivo en 2023 ont impliqué des conducteurs sous l’emprise de l’alcool. Ce comportement accroît le risque de perte de contrôle et accentue la gravité des collisions.

Fatigue et pression économique des chauffeurs longue distance

La fatigue des chauffeurs de taxi-brousse et de poids lourds joue aussi un rôle déterminant. La logique économique pousse de nombreux transporteurs à multiplier les trajets pour augmenter leurs revenus. Les longues distances parcourues sans repos suffisant entraînent des erreurs de conduite, des réactions lentes et des sorties de route.

Mauvais état et surcharge des véhicules de transport

À ces facteurs humains s’ajoute l’état technique des véhicules. Les taxis-brousse sont souvent surchargés, aussi bien en passagers qu’en bagages. Leur entretien est irrégulier et certains roulent avec des freins ou des pneus usés. Ces défaillances techniques aggravent les conséquences d’une erreur de conduite ou d’un virage mal négocié.

Dégradations des routes et insuffisance d’infrastructures

Les infrastructures routières sont également en cause. Les routes nationales présentent de nombreuses zones dégradées avec des nids-de-poule, des virages mal signalés et un manque d’éclairage. En saison des pluies, certains axes deviennent encore plus dangereux, comme sur la RN13 où des crues soudaines ont provoqué des drames récents.

Motocyclistes et piétons parmi les victimes les plus vulnérables

Enfin, les usagers vulnérables tels que les motocyclistes et les piétons subissent directement l’insécurité routière. Le port du casque reste inégal : les conducteurs s’équipent de plus en plus, mais les passagers, souvent des enfants, ne portent pas toujours de protection. En ville, les piétons circulent le long des routes sans aménagement sécurisé, ce qui explique leur forte représentation parmi les victimes.

5 bonnes pratiques pour éviter les accidents routiers au quotidien

Les accidents de la route provoquent chaque année des pertes humaines graves et plongent de nombreuses familles malgaches dans des difficultés sociales durables. Ils pèsent aussi lourdement sur l’économie nationale, avec un coût estimé à 7,6 % du PIB selon l’OMS.

Face à ces réalités, adopter une conduite prudente devient une responsabilité collective. Chaque conducteur peut réduire le risque en respectant quelques règles simples et adaptées aux conditions locales. Voici cinq bonnes pratiques concrètes pour rendre nos routes plus sûres.

Voyager de jour sur les routes nationales

La circulation de nuit accroît les risques d’accident. La visibilité est réduite, les animaux et piétons sont plus difficiles à repérer et les secours plus lents à intervenir. Pour les trajets sur la RN2, la RN7 ou la RN13, il est recommandé de privilégier les déplacements de jour. Cette simple précaution diminue considérablement le danger, surtout sur les axes connus pour leurs virages et leur fréquentation par les poids lourds.

Refuser la surcharge et vérifier l’état du véhicule 

La surcharge est une pratique répandue dans le transport malgache, notamment pour les taxis-brousse. Or, elle rend les véhicules instables et allonge les distances de freinage. Chaque passager a un rôle à jouer en refusant d’embarquer dans un véhicule manifestement surchargé. Les chauffeurs doivent également effectuer une vérification rapide avant le départ : pression des pneus, freins et feux en état de marche. Ce contrôle de base permet d’éviter de nombreux accidents.

Ne jamais conduire sous l’emprise de l’alcool et respecter les temps de repos

La consommation d’alcool est incompatible avec la conduite. Elle réduit la vigilance et multiplie les risques d’accidents graves. Les conducteurs de taxi-brousse et de camions doivent par ailleurs organiser des pauses régulières, surtout sur les longs trajets. Une courte halte toutes les deux ou trois heures limite la fatigue et améliore la réactivité au volant.

Porter systématiquement un casque homologué à moto

Le deux-roues est devenu un moyen de transport incontournable à Madagascar, notamment en ville. Pourtant, de nombreux passagers circulent encore sans casque. Un casque homologué et correctement attaché protège efficacement contre les traumatismes crâniens. Les motocyclistes et leurs passagers devraient considérer le port du casque comme une obligation absolue, quelle que soit la distance parcourue.

Adopter une conduite défensive et respecter les limitations de vitesse

La conduite défensive consiste à anticiper les erreurs des autres usagers. Garder ses distances, ralentir dans les virages et éviter les dépassements hasardeux sauvent des vies. En ville, la vitesse maximale autorisée est de 50 km/h. Respecter cette limite protège non seulement les piétons, mais réduit aussi la gravité des collisions. La maîtrise de la vitesse est l’un des gestes les plus efficaces pour prévenir les accidents.

Ferdinand ANDRIANINANDRIANA 17 septembre 2025
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